Soutenir nos producteurs locaux pour anticiper la suite ?

Tout indiquait que la pandémie de Coronavirus nous toucherait aussi, et nous nous sommes laissé prendre au dépourvu… Nous avions vu ce que cela donnait en Chine, et nous voilà pourtant un peu abasourdis, dans une situation surréaliste que personne (ou presque) n’imaginait il y a encore 3 semaines.

Il faut croire que nous avons bien du mal à anticiper, même quand le voyant clignote sous nos yeux. Et si ce n’était pas une fatalité ? Et si on décidait de ne pas se laisser surprendre à tous les coups ? Nous avons tous fait des stocks, mais lorsque les denrées parcourent en moyenne 5000 km avant de finir dans l’assiette, est-ce suffisamment prévoyant ?

Voir les choses en face

Soyons clair : des signaux d’alarme qui annoncent des complications pour la suite, nous n’en manquons malheureusement pas. Ça ne fait jamais plaisir, mais on ne peut pas éternellement mettre la tête dans le sable.

Alors oui, de Jean Jouzel à Aurélien Barrau, de Pablo Servigne à Jean-Marc Jancovici, en passant par le Club de Rome avant eux, on sait.

On sait désormais que le dérèglement climatique est enclenché, et que la trajectoire sur laquelle nous nous trouvons mène à des scénarios dont l’issue est de plus en plus difficile à prévoir, tant les risques d’emballement sont importants.
On constate que l’ensemble du vivant est en train de disparaître à un rythme proprement hallucinant.
On mesure que la question des ressources se pose elle aussi avec une acuité particulière : terres arables ou réserves en eau, métaux ou énergie… les pénuries sont d’ores et déjà à l’ordre du jour.
On connaît par ailleurs les conséquences des innombrables pollutions auxquelles les peuples sont soumis.
On réalise que la question criante des inégalités rend à elle seule le monde explosif du fait des tensions qu’elles génèrent.
On ne doute plus que la finance, au lieu de faciliter les échanges entre les humains, dérégule et fragilise aujourd’hui un système économique déjà mal en point.

Face à ces constats, osons les mots, nombreux sont ceux qui envisagent avec sérieux et raison la possibilité d’un ou plusieurs effondrements, à savoir des déstabilisations telles que la société tout entière s’en trouve transformée. Ce discours alarmiste n’est pas populaire, et ses tenants, qualifiés de prophètes de malheur, sont rarement pris au sérieux.

Creusot – Montceau en transition est un mouvement citoyen qui s’est pourtant bâti sur cette vision partagée, et qui s’est donné pour but, à l’image d’autres « villes en transition » partout dans le monde, de préparer notre territoire, autant qu’on le puisse, à traverser ces chocs. À les traverser ensemble, dans l’enthousiasme que suscitent les jeunes pousses qui apparaissent à la chute du gros chêne.

Le Covid-19, une crise sanitaire ?

Revenons au Coronavirus. Le terme de « crise sanitaire » est doublement trompeur. D’abord, l’aspect sanitaire fait oublier les racines environnementales de l’événement. Ce nouveau Coronavirus, tout comme le SRAS ou Ebola, sont des pathogènes d’origine animale qui émergent dans des environnements profondément dégradés, où une faible biodiversité ne bloque plus leur transmission.
Ensuite le terme de crise laisse penser qu’après ce mauvais moment, les choses reprendront leur cours, comme avant. Et c’est ce que notre intuition nous porte à croire. Or la société que nous retrouverons lorsque nous pourrons acter que l’épisode est clos ne sera pas la même que celle que nous avons connue en ce début de mars 2020. Au delà des morts et des familles endeuillées, les conséquences économiques vont avoir de lourdes répercussions. Beaucoup d’acteurs économiques ne s’en relèveront vraisemblablement pas, et l’organisation de l’État, du territoire et de nos vies en sortiront modifiés. Il y aura un avant et un après Covid-19.

Un regard froid et honnête nous invite donc à admettre qu’il s’agit probablement d’une première marche. D’une étape d’un processus qui n’a pas fini de nous chahuter. Une grosse branche du chêne est tombée, elle ne repoussera pas à l’identique et d’autres menacent.

Ainsi, penser « crise » implique des mesures court-termistes pour gérer l’urgence, en tablant sur le fait que l’on reconstruira après. Mais c’est une grave erreur : comme nous l’avons rappelé plus haut, nous faisons face à des risques multiples et liés les uns aux autres.

Et vous, vous mangez quoi, demain ?

Pour Creusot – Montceau en transition, cette anticipation, cette résilience, se conçoit d’abord en relocalisant tout ce qui peut l’être, en terme de fournitures et de services. Rendre à notre territoire sa capacité à produire tout ce qui est essentiel à notre vie quotidienne. Et l’alimentation est bien sûr le premier de ces éléments.

Il nous apparaît vital d’aider, de favoriser une production locale, à travers des circuits aussi courts que possible.
Dans ce but, nous avons travaillé depuis un an à la rédaction d’un premier inventaire des producteurs de la CUCM. Ce guide sera bientôt diffusé, vous pourrez vous en saisir.

Mais ce n’est pas si simple. D’une part, nos producteurs sont trop peu nombreux pour fournir l’essentiel de notre territoire. Et d’autre part, l’épisode que nous traversons les met en grande difficulté : interdiction des marchés, mobilité de la population restreinte, habitudes alimentaires revues… comment écouler la production ? Et quelle main d’œuvre embaucher ?

Creusot – Montceau en transition se propose donc dans l’immédiat de relayer sur son site internet leurs modalités de vente, ainsi que les éventuels besoins qu’ils pourraient rencontrer. Retrouvez ces informations sur :

https://www.cm-en-transition.fr/actions-menees/consommation-locale/
sapprovisionner-localement-en-periode-depidemie/

Faisons de cette parenthèse une opportunité, une occasion de consolider ce à quoi on tient, et de poser les bases de la société que nous désirons pour demain.